Pascal, professeur et arbitre de judo

Interview de l’arbitre régional et professeur de judo 4^ème dan à Marolles et Lisieux, Pascal LETHIAIS réalisée le vendredi 22 janvier 2016:

• Rémi Com : « Quand on dit bien arbitre « régional », on est sur la région Normandie ou Basse-Normandie. »
• Pascal Lethiais : « la région  de Normandie ».
• RC : « Tu fais du judo depuis longtemps ?  Quel est ton âge aujourd’hui ? »
• PL : « j’ai 53 ans, j’ai débuté en 1972 au club des Andelys (27), ensuite, je suis resté jusqu’à l’âge de 18 ans, j’étais ceinture bleue et mes parents ont déménagé en Bretagne. J’ai fait du judo d’abord à Dinan, puis à St Malo qui était un club plus huppé que Dinan. Et là j’ai passé ma ceinture 1^ère Dan à 20 ans. J’ai fait du judo parce que c’était le club le plus proche de ma maison tout simplement. »
• RC : « S’il y avait eu un club de tir à l’arc, tu faisais du tir à l’arc ?? »
• PL : « Oui, j’aurais fait du tir à l’arc (rires) !»
• RC : « L’histoire, c’est que tu es professeur de judo et arbitre régional, mais c’est quoi l’entre-deux, de la ceinture noire jusqu’à Lisieux »
• PL : « A St Malo, j’ai passé des diplômes scolaires et je ne trouvais pas de travail. Je me suis engagé dans l’armée. Là, je suis arrivé à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Je me suis engagé pour 6 ans dans les hélicoptères de combat où j’étais infirmier après y avoir passé le diplôme. J’ai continué le judo et j’ai obtenu avec l’armée de judo de Pau, ma 2^ème Dan. J’ai quitté l’armée juste après la 1^ère guerre du golfe. J’ai combattu d’abord au Koweït, puis en Irak dans les forces françaises, toujours dans les hélicoptères de combat. Après je décide de passer le brevet d’Etat de maître-nageur à Dinard(35).  Les métiers de l’eau m’ayant toujours attiré.  Je reste 1 an et demi à Dinard au CREPS tout en continuant en parallèle le judo. Puis j’ai au sortir du CREPS, postulé à différents postes. La ville de Lisieux a retenu ma candidature. . J’ai été embauché au début en tant que maître-nageur sauveteur. J’ai bien sûr passé des concours de la fonction  publique territoriale. J’ai passé la 3^ème dan et 4^ème dan avec mon professeur Pascal Regnard à Lisieux. Le brevet d’Etat d’éducateur sportif est obtenu en 2011. Le 4^ème dan en le 16 mars 2008 à Rennes.
• RC : « En quel année deviens tu professeur de judo ? »
• PL : « Je commence les cours de professorat de judo en 2011, à Marolles, là où j’étais licencié. En remplacement de mon professeur Fabien Mesnil. »
• RC : « Donc comment es-tu devenu arbitre ? »
• PL : « c’était une voie pour continuer le judo. L’arbitrage étant une voie de reconversion sans quitter l’univers du judo»
• RC : «  Quelles sont les étapes pour être arbitre ? »
• PL : « Pour être arbitre, on est d’abord stagiaire. C’est rémunéré, un certain prix par journée, nourrit le midi. J’ai été deux ans stagiaires, et j’ai passé  l’examen d’arbitrage en 2005 avant d’être professeur. « 
• RC : « tout le monde peut-il être arbitre ? »
• PL : « dans la formation pour être professeur, il y a un UV d’arbitrage, aussi tous les professeurs peuvent être arbitres »
• RC : « est-ce que c’est la même chose que l’arbitrage quand on veut passer la 1^ère Dan ? »
• PL : « Non, c’est un UV spécifique arbitrage avec une partie pratique et théorique avec un écrit. C’est un examen pour être arbitre départemental»
• RC : « est-on arbitre régional dès le départ ? »
• PL : « il faut avoir une certaine ancienneté départementale, environ 2 à 3 ans. Cela va dépendre si on est à l’aise sur le tapis. Le minimum d’échelon étant dès le départ arbitre départemental ». 
• RC : « est-ce que tu as le droit d’arbitrer toutes les compétitions ? »
• PL : « toutes les catégories d’âges même stagiaire dès lors que l’on est sénior (plus de 18 ans). »
• RC : « quel est l’intérêt de passer de stagiaire à arbitre départemental ? »
• PL : « Cela permet d’avoir un diplôme d’arbitrage et d’être reconnu ».
• RC : « Après être resté 2 ou 3 ans dans le grade d’arbitre départemental, comment devient-on arbitre régional ? »
• PL : « il faut être proposé par l’instructeur départemental au niveau régional. On fait un stage en début de saison, on nous donne des dates et on est noté toute la saison. Avec un arbitre supérieur qui vient nous note dans la logique d’un contrôle continu et pour l’obtenir il faut un minimum de 14/20. Mais tout le monde ne peut pas être arbitre régional. Tout est dans l’attitude. »
• RC : « comment reconnait-on un arbitre ? »
• PL : « Par son habillement déjà : quand on est stagiaire, pas de cravate, mais vous devez être vêtu de blanc en haut et noir en bas. Après le diplôme, on nous fournit une cravate jaune FFJDA. En régionale, la cravate est jaune aussi, il n’y a pas de différence »
• RC : « ce que l’arbitrage prend beaucoup de temps ? »
• PL : « cela prend  les weekends.  Il est évident que cela empiète sur la vie familiale. »
• RC : « Que dirais tu à une personne qui souhaiterait être arbitre ? »
• PL : «  je dirais qu’il faut faire cela par passion et ne pas rechercher l’aspect pécunier. Cela ouvre des horizons en se déplaçant au niveau départemental ou régional. Cela permet de rencontrer d’autres clubs, d’autres façons de faire du judo. A travers l’œil de l’arbitrage, on peut reconnaitre la façon dont certains clubs combattent.
• RC : « est-ce que l’arbitrage complète tes enseignements de judo ? est-ce que cela peut te permettre d’enseigner différemment, en te disant que tel club à telle technique»
• PL : « j’essaye de transmettre ce que j’ai vu au niveau des combattants lors d’arbitrage. L’arbitrage se fait en parallèle et peut être aussi un complément au professorat. Néanmoins, je pourrais en fonction de ma vie privée arrêter l’arbitrage mais je ne me vois pas arrêter le professorat. »
• RC : « comment vois-tu ton parcours dans 5, 10 ans ? »
• PL : « j’aimerais bien passer la 5^ème Dan. Il faut 5 ans d’écart entre la 4^ème et la 5^ème, ce qui est le cas. Il n’y a plus de compétitions. Il faut passer des katas, des parties techniques debout et sol, et, du jujitsu.
• RC : «  veux-tu passer arbitre national ? »
• PL : « non. Ce serait trop de contraintes par rapport au travail. Des fois, il faut aller très loin. Aujourd’hui déjà le territoire couvert est large»
• RC : «  j’ai vu des cravates rouges en compétitions ?
• PL : « ce sont des commissaires sportifs ».
• RC : « donc pour passer la 5^ème dan.. ? »
• PL : « il me faut un partenaire et cela peut demander  au moins 2 ans de travail. »
• RC : « dans 10 ans, veux-tu encore professeur de judo »
• PL : « je serais toujours professeur de judo même en retraite, jusqu’à ce que je ne puisse plus exercer ! »
• RC : «  tu m’as parlé que tu aller arbitrer des handicapés ? »
• PL : « le 30 janvier 2016 à Houlgate, je dois arbitrer des non-voyants. C’était une demande que j’ai accepté sans formation particulière. Les non-voyants ayant le droit d’avoir un coach vocal. C’est une première pour moi ! Il y a un championnat handicap et mon club de Lisieux a le label handicap encore aujourd’hui. »
• RC : « tu as d’autres passion ? »
• PL : « Je fais de la musique. je fais de la trompette ! J’ai commencé le judo, à nager et à faire de la musique au conservatoire aux Andelys, et ce, dès mon enfance. »
• RC : « Pascal, je te remercie et te souhaite bon courage pour ma suite de ta carrière sportive ! »